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Comment faire revivre nos villages et centres-bourgs ?

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Les centres-bourgs se meurent dans les petites villes de nos Provinces françaises. Il suffit de voir les rideaux baissés des commerces et le nombre de boutiques à vendre. Le phénomène est national. Une dévitalisation des villes que les habitants désertent montrant un sentiment de déclin et d’abandon qu’il est grand temps de prendre en compte. Il y a heureusement des solutions dont le plan « Action cœur de ville » du gouvernement qui vise à redynamiser les centres-villes : 222 villes moyennes viennent d’être retenues pour ce programme qui prévoit une enveloppe de 5 milliards d’euros.
 
Il faut prendre le temps de se promener à pied ou à vélo dans nos petites villes pour se rendre compte d’une triste évidence : la vie disparaît ! « Où sont passés les gens ? » est la question qui revient souvent … Les rues sont désertes, les commerces abandonnés ou flanqués de panneaux « à vendre » ou, au mieux, « à louer », les maisons sont soit fermées, soit en vente. Quand on trouve une boulangerie ou un bistrot du « bon coin » ouvert, on se sent un peu rassurés. En 2015, plus de la moitié des cœurs des villes moyennes avait un taux de commerces vides supérieur à 10 %. Et les villes de moins de 100 000 habitants sont les plus touchées.
Peu ou pas de commerces de proximité, plus d’animation culturelle et si l’on veut maintenir et attirer la population sur place, il faut lui donner l’envie de venir et de rester dans les villes. Des centres-bourgs vivants et animés, constituent un enjeu majeur de l’égalité des territoires ainsi qu’un levier de la transition écologique et énergétique.
 
 
Taux de vacance élevé. La « vacance commerciale », le pourcentage de vitrines vides, est fournie pour 166 villes par Procos, la fédération des enseignes, qui rassemble 250 « marques », d’André à Zara. La carte de 2016, très précise, permet de repérer les villes selon leur taux de vacance, de 7,5% à 10%, de 10 à 15% et au-delà de 15%. A Calais, Nevers, Béziers ou Vierzon, le taux approche ou dépasse même les 25%. Ce taux, qui ne recense que les rues de l’hyper-centre où les enseignes acceptent de s’installer, n’est qu’un indicateur parmi d’autres de la crise urbaine, mais il est sans doute le plus frappant.
 

Plan « Action coeur de ville » 

222 villes de taille moyenne ont été retenues pour bénéficier du plan gouvernemental de revitalisation des centres-villes baptisé « Action cœur de ville », avait annoncé le gouvernement le mardi 27 mars. Elles vont profiter du programme lancé mi-décembre qui va permettre de mobiliser plus de cinq milliards d’euros sur cinq ans.
 
Dès l’origine, la Fédération des Entreprises publiques locales (FedEpl) a été présente pour accompagner l’ambition du gouvernement et des parlementaires sur le sujet dont le comité national, est présidé par le ministre de la Cohésion des territoires, avec les représentants des ministères concernés, les principaux partenaires (Caisse des dépôts, Banque des territoires, groupe Action Logement et Anah), l’Anru ainsi que les associations d’élus et fédérations du logement.
Les 301 Entreprises publiques locales d’aménagement et 104 Sem bailleurs sociaux, présentes sur tous les territoires, souhaitent ainsi intensifier leur mobilisation en faveur de la revitalisation des centres-villes et centres-bourgs au service des collectivités locales, en cohérence avec leurs politiques publiques et documents d’urbanisme.
Ces opérateurs bien implantés estiment avoir acquis de longue date le savoir-faire et l’expérience nécessaires à la conduite de projets complexes : espaces publics, habitat, commerce, attractivité et dynamisme économique, services publics, infrastructures de réseau, patrimoine, promotion touristique etc.
De nombreuses villes ont déjà engagé des opérations d’aménagement dans leurs centres villes  avec l’appui des Epl immobilières et d’aménagement de leurs territoires.
 

La liste des villes retenues, annoncée par le ministre de la cohésion des territoires Jacques Mézard, sont réparties sur l’ensemble du territoire. Elles devront engager « la phase de préparation » de leur projet de redynamisation au printemps 2018. Le plan, dont la mise en œuvre doit s’étaler jusqu’en 2022, a été élaboré en collaboration avec l’association Villes de France, qui regroupe les villes moyennes, et les organismes publics partenaires. Ce plan vise notamment à acquérir et réhabiliter des logements, améliorer leur performance énergétique, « développer une nouvelle offre commerciale en centre-ville et rééquilibrer les conditions d’implantation avec la périphérie ».
 
Les 222 villes sélectionnées doivent désormais préparer une convention qui fixera au cas par cas les modalités de soutien des partenaires au projet de revitalisation de centre-ville. Chaque convention-cadre, élaborée par les villes retenues à l’issue de leur phase de préparation, reposera sur 5 axes structurants :
– de la réhabilitation à la restructuration : vers une offre attractive de l’habitat en centre-ville,
– favoriser un développement économique et commercial équilibré,
– développer l’accessibilité, la mobilité et les connexions,
– mettre en valeur les formes urbaines, l’espace public et le patrimoine,
– fournir l’accès aux équipements et services publics.
Les conventions devront toutes être signées avant la fin du mois de septembre 2018.
 
Ces villes sont réparties sur l’ensemble du territoire métropolitain et des 5 départements d’outre-mer (13 villes concernées).
Le format de l’appel à projets a été écarté, le choix s’est fait dans un souci d’appréciation du contexte local. Ces centralités à fort rayonnement local vont de 8 000 habitants jusqu’à Limoges, la plus grande d’entre elles, comptant environ 133 000 habitants.

« Action cœurs de ville » entend également « accompagner les commerçants dans la transition numérique » et simplifier leurs démarches d’implantation en centre-ville. Les premières mesures visent « plus globalement à améliorer les conditions de vie des habitants et conforter le rôle de ces villes comme moteur de développement du territoire à une échelle régionale, en complément des métropoles ».
 
Les villes moyennes, principalement de 30 à 50.000 habitants, concentrent 23% de la population et 26% de l’emploi, tout en étant confrontées à d’importantes difficultés sociales. Nombre d’entre elles comptent de nombreux locaux commerciaux vacants et voient leur centre se vider après 19h.
 

 

« Commerces en cœur de ville »

Le commerce participe à la vie de la cité et la façonne en grande partie. Si le commerce est d’abord l’affaire des commerçants, il revient aux élus, responsables de la ville et de l’intercommunalité, d’engager et de mettre en œuvre une stratégie globale adaptée à la situation de leur territoire et de leurs centralités.
En juillet 2016, un rapport de l’Inspection générale des finances, qualifiant ce phénomène de « préoccupant », et qui a donné lieu le 28 février 2017 à Bercy aux assises pour la revitalisation économique et commerciale des centres-villes, préconisait la création d’un agenda suivi pour une revitalisation commerciale des centres villes, dans le cadre de la Commission de concertation du commerce (3C) récemment installée.
 
En 2011, déjà, un label « Journée nationale du commerce de proximité, de l’artisanat et du centre-ville » avait été lancé pour récompenser les efforts consentis pour développer les activités économiques de proximité et prend la forme d’un panneau situé à l’entrée de la ville. Un moyen de récompenser les initiatives en faveur du commerce de proximité, de l’artisanat et du dynamisme territorial.
 
Les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) se sont aussi engagé pour valoriser la qualité de l’accueil et du service dans les commerces de proximité grâce au label Préférence Commerce. Remplaçant la Charte Qualité Accueil Écoute Conseil, ce label national permet d’accompagner plus de 96 activités commerciales qui s’engagent dans une véritable démarche continue de progrès.
 
Initiative du Gouvernement : l’ouverture du portail « Cœur de ville » constitue l’une des réponses de l’État face au constat de perte de vitesse des centres de villes de taille intermédiaire. Ce diagnostic, commun à d’autres pays européens, est fondé sur de nombreux rapports et études, en particulier celui dont nous avons déjà parlé de l’Inspection Générale des Finances (IGF) et le Conseil Général de  l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD), sur La revitalisation commerciale des centres-villes, et l’étude de l’INSEE « Le commerce de centre-ville : une vitalité souvent limitée aux grandes villes et aux zones touristiques» de novembre 2016.
Au service des acteurs du développement local, ce portail rassemble en un lieu unique des informations et des liens internet renvoyant à des expériences exemplaires, des acteurs incontournables et des outils opérationnels facilitant la redynamisation des centres-villes.
 
Martine Pinville, secrétaire d’État chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Économie sociale et solidaire, a souligné notamment le financement « cette année, pour plus de 15 millions d’euros de projets de rénovation du commerce au travers du Fisac, (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce), dont les priorités correspondent à l’enjeu de revitalisation des centres-villes et centres bourgs ». Elle a fait part de son souhait de « proposer, dès 2017, un accompagnement humain et logistique renforcé auprès des villes et des commerçants, avec la création d’outils innovants. Par ailleurs, il est urgent de suivre une stratégie de passage au numérique adaptée pour les TPE du commerce. »
Elle a annoncé l’organisation « d’un rendez-vous, début 2017, sous forme d’états généraux, qui réunira acteurs publics et privés du développement des centres-villes ».
 
Mais, malgré ces dispositifs destinés à revitaliser les centres-villes, et une loi du 18 juin 2014 relative à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises, qui prévoit plusieurs mesures, comme l’allongement du délai dont dispose la commune pour trouver un repreneur de commerce, l’action du gouvernement n’a visiblement pas été suffisante pour contrer le mouvement de désertification.

Comment la France a tué ses villes

Dans son ouvrage « Comment la France a tué ses villes » (Rue de l’Echiquier, octobre 2016), le journaliste reporter Olivier Razemon dresse un inquiétant portrait de cette France dévitalisée : la faute à qui ?
Pour lui, le cœur du problème, c’est l’étalement urbain, qui n’a cessé de progresser en dépit de tous les avertissements depuis les années 1970 et l’exode vers la périphérie, par l’usage généralisé de la voiture. Pour aller où ? Dans les centres commerciaux qui ouvrent partout en marge des centres-villes, à quelques kilomètres des cœurs de vie. L’offensive délibérée de la grande distribution, en périphérie, tue les commerces du centre-ville et des quartiers anciens, et sacrifie les emplois de proximité.
 
Pour Olivier Razemon, dans un entretien avec l’Obs en février dernier, « Pour les élus, ouvrir un centre commercial, c’est donner l’impression qu’ils agissent, même s’il n’y a pas de réflexion à long terme. Ils y voient une solution contre le chômage de leurs administrés, alors même que le commerce de proximité affiche une capacité plus importante à créer des emplois que la grande distribution. Le calcul repose sur l’idée, fausse encore comme l’explique l’économiste Laurent Davezies, que pour qu’une ville soit riche, il faut qu’elle produise de la richesse. La ville est pensée comme une petite nation qui doit créer son PIB. Or, même si ça joue, ce qui compte le plus, c’est la consommation sur place. »

Pour aller plus loin : Lire :La dévitalisation commerciale profite-t-elle vraiment à Marine Le Pen ?

Comment la France peut sauver ses villes

« Il n’y aura pas de renaissance si on n’est pas capable de juguler le commerce de périphérie » déclarait lors d’un colloque à Gembloux (Belgique) la spécialiste du commerce Bernadette Mérenne-Schoumaker. C’est clair : pour sauver les villes, il faut mettre fin à la construction de nouvelles zones commerciales et aux extensions des complexes existants, mais bien à rebours du célèbre aphorisme « Quand le bâtiment va, tout va »…
Mais pourquoi ne pas revaloriser les bâtiments existants dans les centres-villes pour une relocalisation des commerces ? Le CGET (Commissariat général à l’égalité des territoires) anime ainsi un programme de revitalisation des centres bourgs, où la présence de commerces est primordiale mais aussi un programme de réhabilitation de maisons de bourgs afin de réactiver un patrimoine vacant par la réutilisation du bâti ancien mettant en valeur des pratiques d’implantation architecturale et d’organisation du territoire qui étaient à la fois pragmatiques, fonctionnelles et économes. Car un bâtiment qui ne réussit pas à s’adapter à l’évolution des mœurs et des usages est condamné à la vacance.
 
Le CGET a sélectionné dans chaque département trois communes présentant des signes de dévitalisation et en manque de moyens ou d’ingénierie pour revitaliser leurs centre-bourg : 302 communes ont été présélectionnées, parmi lesquelles 267 ont souhaité candidater. 54 collectivités lauréates ont été retenues à l’issue du travail de sélection qui a eu lieu en novembre 2014. 230 millions d’euros ont été alloués à ce programme de réaménagement durable regroupant emploi, commerces, services, équipements publics, culture, loisirs, cadre de vie, transition énergétique, cadre de vie, nature en ville, espaces publics, architecture, patrimoine, petite enfance, etc.  Dix-neuf projets de convention sont en cours de finalisation et les autres seront signées courant 2017.

Questions de culture 

La revitalisation des centres-bourgs passe également par des actions dans des domaines tels que l’action sociale, le patrimoine, la culture, le monde associatif, etc. A l’exemple de la commune de Craponne-sur-Arzon (Haute-Loire), qui a retenu un bureau d’études pour encadrer trois classes d’école primaire afin de produire un travail de projection sur « le bourg de demain » à partir d’images, de photos, de récits sur le « bourg d’hier ». Certains parents, qui à l’origine n’étaient pas investis dans la participation et la co-construction du projet de revitalisation, s’y sont progressivement impliqués.
 
Ou encore à Periers dans la Manche qui conduit une action autour de portraits d’habitants à partir de photos, d’interviews, d’une exposition photographique sur des totems disséminés sur l’ensemble du bourg.
 
La commune de Giromagny, présentant un espace public très dégradé provenant de l’incivilité d’une part des habitants et des touristes, choisit de faire intervenir une troupe de théâtre en résidence, sous la forme d’un « Tribunal des flagrants délires ». L’animation, dont le démarrage est prévu au cours de l’année 2017, consistera à faire le procès des différents usagers, en y associant les habitants, lors des marchés.
En appui et dans le cadre d’échanges entre le Parc et l’École du Paysage d’Angers, un inventaire et des propositions au niveau de l’espace public seront réalisés par les étudiants afin d’orienter l’action de la troupe théâtrale.
 
A la Réunion, une approche sur le volet culturel a aussi été engagée avant la fin même de la construction de l’EcoQuartier de la Possession, en impliquant les scolaires sur différentes actions. En 2016, l’ensemble des quartiers attenants au futur EcoQuartier a assisté à la pose de la première pierre. De même, des enseignants de tous nouveaux (lycée professionnel, école primaire, etc.) sont venus visiter le site dans le cadre d’un stage organisé dans le cadre d’un partenariat rectorat – DRAC.
Ce stage a pour thématique Architecture, Art et Culture. Il est également prévu d’organiser tous les ans une animation jusqu’à l’émergence de l’EcoQuartier. Bien qu’il s’agisse d’un élément complexe à mesurer, cette approche constitue un moyen de mesurer les attentes et la vision du bien-être et du vivre ensemble des futurs habitants.
 
Dans le Parc d’Armorique, une rencontre avec la DRAC en 2014 a fortement contribué à la mise en place d’une résidence d’artiste sur le territoire du Parc. Objectif : initier une dynamique locale autour d’une réflexion sur les questions du paysage et de l’architecture ou autour de projets d’aménagement avec les différents acteurs du territoire et les faire travailler ensemble. La réflexion, à l’origine, portait sur les problématiques agricoles afin d’appréhender le regard des habitants sur leur lieu de vie et la manière dont ils souhaitaient voir évoluer leur territoire. C’est une petite commune de 1500 habitants, Dinéault, qui a été retenue.  
Cette résidence d’artiste a permis de questionner le rôle joué par le bourg-centre au sein d’une commune rurale. Il est alors apparu que celui-ci ne pouvait pas uniquement se restreindre à la présence de commerces et de services ou de logements occupés. Aujourd’hui cet espace public reste à réinventer.
Mais il a aussi été constaté qu’une volonté locale d’initier « le vivre ensemble », ici portée par l’équipe résidente, pouvait constituer un levier important à la transmission d’une connaissance culturelle, indispensable à l’animation des territoires ruraux. La dynamique impulsée par cette démarche artistique commence aujourd’hui à porter ses fruits et des liens forts se sont créés entre l’équipe et une partie des habitants.
 
La revitalisation de centre-bourg peut aussi prévoir l’activation de l’association nationale des cinémas itinérants ou la création de tiers-lieux, souvent associés au monde du travail. Celui-ci peut notamment conduire à la mutualisation d’espaces culturels comme une médiathèque pour varier les usages et multiplier le temps de présence sur site plutôt que de multiplier les lieux et les déplacements. C’est aussi l’un des autres moyens pour inciter les gens à se rendre sur les lieux culturels.
 
La question de la place des jeunes en milieu rural a également pu être évoquée à travers cette résidence. Comment offrir aux jeunes des dispositions idéales permettant un cycle de vie épanoui qui s’ancrerait dans la ruralité et qui nourrirait un projet local ? L’ouverture aux changements culturels et sociaux des espaces ruraux est aujourd’hui incontournable, il constitue un préalable à leur aménagement et à leur revitalisation. La résidence d’architecte constitue en sens un exemple éclairant de réenchantement, pour associer aménagement, approche sociale et culturelle du territoire.

Le pari de la transition numérique

La désertification des villes petites et moyennes est l’un des enjeux majeurs de notre société. Ce phénomène inquiétant est un terreau d’inégalités et un vivier pour le chômage. La dynamique digitale française, exemplaire, participe à endiguer ce constat malheureux. L’accélération de la transition numérique du petit commerce en s’appuyant sur le Conseil national du numérique, est une des actions phares du Gouvernement « avec, par exemple, une aide dans le développement de solutions mutualisées pour développer le commerce en ligne de proximité (plateforme commune pour les petits commerçants d’un territoire qui permettent de regrouper les commandes, casiers communs pour la livraison…) ».
 
Et des initiatives comme celle de rapidle pourraient permettre aux commerçants de s’adapter aux nouveaux comportements des consommateurs. Rapidle est une application de transformation digitale des petits commerces, principalement de bouche. Le Click & Collect permet notamment aux clients de commander en ligne et de récupérer leurs commandes sans faire la queue. Fort d’une expérience auprès des TPE sur l’ensemble du territoire, rapidle affirme aujourd’hui participer à la lutte contre la désertification des centres villes.
 
Sylvie Schloesser, gérante du Jardin des délices, commerce de fruits et légumes à Saverne, une ville de 13.000 habitants et sous-préfecture du Bas-Rhin (67), nouvellement utilisatrice de l’application, veut dynamiser son activité par le digital et s’adapter aux nouvelles attentes des clients : « Je suis installée dans une rue piétonne et depuis 5, 6 ans les parkings de la ville sont devenus payants. Les zones bleues manquent ou sont loin du quartier piéton ; parfois les clients tournent pendant 20 minutes pour trouver une place gratuite. Aujourd’hui les clients deviennent réticents à venir faire leurs courses en centre-ville alors qu’en périphérie, les bourgs multiplient les zones commerciales avec de gigantesques parkings gratuits ce qui attire les clients parfois au détriment de la qualité.
Aujourd’hui, notre collaboration avec rapidle va nous permettre de regagner des clients de deux manières. Premièrement, nos clients pourront faire leurs commandes en amont et passer les récupérer en quelques secondes. Deuxièmement, nous voulons organiser des rondes de livraisons avec les entreprises et les salariés de la région ce qui nous permettra en plus de ventiler au mieux des produits frais de très bonne qualité en assurant la promotion des circuits courts ».
Pour Steeve Broutin, co-fondateur de Rapidle, « Chaque ville de France a sa propre culture et c’est ce qui rend les régions si séduisantes. Aussi joli puissent être les centres-villes, les commerces les subliment, les rendent vivants ; c’est l’âme de la ville. Les commerçants sont également les garants de la diversité. Les grandes surfaces, les centres-commerciaux sont aussi très utiles aux consommateurs, seulement, il faut le reconnaître, qu’ils soient à Bayonne ou à Strasbourg, ce sont un peu tous les mêmes. »
Qui a dit que les petits commerces étaient morts ?
 
L’étude « Que peut le numérique pour les territoires isolés ? » parue en ce début d’année, et issue d’un groupe de travail présidé par Elisabeth Bargès (Google France) et Thierry Pech (Terra Nova), fait le pari que la transition numérique dans les territoires isolés peut répondre à un impératif de développement économique et à une ambition d’inclusion sociale et civique. 
Les nouveaux usages et outils permettent d’envisager un développement économique différent, plus déconcentré, une qualité de services publics et de santé réellement égalitaires sur l’ensemble du territoire national et de facto un retour dans le monde rural de populations qui devaient jusqu’alors vivre et travailler dans les grands centres urbains. 
La transition numérique participe au dynamisme du tissu productif de ces territoires. Elle permet d’accompagner une transition agricole et, avec des moyens peu coûteux, d’optimiser la production, notamment sur plan environnemental. Cependant, les entreprises de ces territoires, si elles veulent largement profiter de cette transition, notamment dans la modernisation de leur mode de distribution et dans l’élargissement de leur zone de chalandise, ont souvent besoin d’un accompagnement ou de formations.
 
Des données issues d’une collaboration avec Airbnb, par exemple,  illustrent le rôle que peut y jouer l’économie collaborative. 30 % des villages ont au moins une annonce Airbnb alors que 2/3 de ces villages ne comptent aucun hôtel. Ainsi, 123 000 personnes ont été accueillies par ce biais, ce qui a généré 14 millions d’euros de revenus supplémentaires pour ces territoires depuis 2012. Les retombées économiques locales peuvent être significatives, via les travaux de réparation, de rénovation et d’entretien engagés par les propriétaires ou via les dépenses réalisées sur place par les voyageurs (loisirs, achats de produits locaux, etc.).
 
La transition numérique contribue aussi à renforcer l’inclusion sociale. La e-administration constitue une avancée dans la lutte contre les inégalités territoriales en matière d’accès au service public comme le démontre le recours à la déclaration fiscale en ligne dans les territoires isolés (30 % hors données anonymisées contre 38 % au niveau national). Mais cet effort doit être accentué. Le déploiement de la télémédecine pourrait fournir une réponse à l’enjeu d’accessibilité des soins et du maintien à domicile des personnes âgées. Toutefois, l’état actuel du droit et des remboursements en freinent le développement. De plus, il est possible de favoriser le retour de certains salariés dans les territoires isolés par le télétravail, même si le cadre légal du télétravail fait peser encore trop de contraintes sur les entreprises et les salariés désireux de s’y lancer.
 
Enfin, les problématiques d’accès au réseau, de littératie numérique et de formation doivent être abordés par les acteurs privés, publics et associatifs pour tirer pleinement parti des changements en cours.
Ce rapport formule sept propositions pour que la transition numérique dans les territoires isolés puisse répondre à un impératif de développement économique et à une ambition d’inclusion sociale et civique.

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Ce phénomène d’abandon progressif des centres-bourgs, en raison d’un habitat inadapté au mode de vie contemporain, questionne aujourd’hui la préservation d’un important héritage culturel, de l’adaptation du bâti ancien aux besoins des populations actuelles et de l’instauration de pratiques de consommation plus raisonnées. Il faut donc proposer une stratégie de reconquête, destinée à accompagner l’évolution de ses bourgs dans le temps.
Il n’existe nulle solution miraculeuse, mais une série de petits pas, de décisions empreintes de sobriété partout sur le territoire.
 
 

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